Sécuriser notre futur : le nouveau visage de la cybercriminalité - Mikko Hyppönen

Mikko Hypponen à l'USI 2015

Synthèse du talk de Mikko Hyppönen à la conférence USI 2015.

Surnommé le « shérif de l’internet », Mikko Hyppönen a passé sa vie à analyser les virus et à protéger la vie privée. La cybercriminalité est son terrain de jeu depuis 1991. Toute sa carrière s’est construite autour du changement de paradigme amené par Internet.

« Nous faisons tout en ligne, très vite, et vivons des temps absolument passionnants ». L’histoire d’Internet a d’ailleurs débuté avec la sienne, en 1969, année de sa naissance, celle « du rock’n roll, et du premier homme à marcher sur la lune ». Coïncidence ? Ce qui est certain, c’est qu’il lui dédie sa vie, pour nous protéger, et « nous empêcher de nous amuser ».

Nos données sous haute surveillance

Internet a changé la face du monde. À sa création, « pour la première fois, nous étions libres » dans un univers apparemment totalement gratuit. Mais cette liberté avait pourtant un prix : notre sécurité. Nous faisons aujourd’hui face à deux problèmes majeurs dont dépend notre futur : « la cybersécurité et la protection des données privées ». Notre sécurité est menacée par les cyber-criminels et hackers en tous genres, mais aussi par des acteurs plus officiels - GAFA, grands groupes, gouvernements, organisations militaires, etc. - qui cherchent à surveiller nos données. D’où l’importance d’ouvrir les yeux sur un danger qui concerne la société toute entière.

« Sans ordinateur, nos sociétés seraient complètement paralysées ».

Mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’en protéger.

photo public usi 2015

De l’importance de la cybersécurité…

Cela fait plus de vingt ans que le premier virus informatique (Brain A, 1986) a frappé Internet. Ce qui n’était alors qu’une simple alerte est devenu une arme puissante du cybercrime et de l’espionnage généralisé.

Désormais, d’une ampoule connectée dans notre salon au piratage du réseau informatique de notre société, il n’y a qu’un pas. L’Internet des Objets (IoT) permet l’exploitation massive des données, et nous rend de plus en plus vulnérables. Ce qui peut aujourd’hui sembler inoffensif - un objet, un mail, une montre... - peut en fait infecter notre ordinateur, notre réseau, voire même...notre pays. De nombreuses attaques à des fins criminelles ont déjà eu lieu, et semblent être de mieux en mieux orchestrées. Le monde de la cybercriminalité se complexifie en même temps qu’il se professionnalise.

Mais d’après Mikko Hyppönen, le plus inquiétant pour nous, c’est sûrement l’implication de nos gouvernements dans ce système: « les gouvernements créent eux-mêmes des virus » pour infecter un système cible et pratiquer tout simplement ce qu’on appelle « l’espionnage industriel gouvernemental à échelle mondiale ».

Dessin

Et de la protection de nos données privées

Lorsque l’on parle de cybersécurité, ce n’est pas seulement des problèmes de crashs et de vulnérabilité de systèmes. C’est aussi de la menace qui plane sur nos données personnelles. Chaque utilisateur d’Internet à travers le monde est susceptible d’être espionné, et analysé. Nos datas sont menacées par les gouvernements pour la surveillance et par les entreprises pour mieux nous connaître.

Google, Facebook, Twitter et autres grandes réussites informatiques sont des produits magnifiques, mais cachent une réalité bien plus sombre. Il faut étudier de plus près leurs services pour mieux saisir leur fonctionnement: « en achetant une publicité sur Google, vous comprendrez beaucoup de choses ».

En effet, nous ne pouvons payer directement pour les services de Google. « La seule façon de les payer, c’est avec notre vie privée. Selon mes calculs, chaque personne a contribué à hauteur de 33 dollars au succès de Google », soit un bénéfice de 66 milliards de dollars pour 2 milliards d’utilisateurs. Les données que nous leur livrons sans vouloir nous en rendre compte leur permettent de mieux se vendre auprès des annonceurs, et de mettre en marche un des systèmes publicitaires les plus puissants au monde. Plus ils ont de data, plus ils ont de critères de ciblage, plus ils vendent. Google est devenu comme cela le plus grand constructeur de serveurs informatiques et d’entrepôts de données. Quant à Whatsapp, racheté pour 22 milliards de dollars par Facebook, « c’est votre numéro de téléphone qui lie votre profil réel à votre profil virtuel ».

L’heure de réagir

Nous vivons pleinement en ligne et beaucoup s’en servent sans limite. Il devient urgent de réagir.

« Celui qui contrôle nos données nous connaît mieux que notre conjoint. Nous sommes plus honnêtes avec les moteurs de recherche qu’avec lui ».

Aujourd’hui, c’est à nous de décider ce que nous voulons laisser à la prochaine génération : un internet libre et gratuit ?

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