Raffaello d'Andrea - Attraper au vol les robots interconnectés

Raffaello D'andrea à l'USI 2015 nous parle des robots connectés

« Des algorithmes permettent de faire faire des choses à des robots que les êtres humains ne peuvent pas faire. »

L’évolution des robots depuis la fin des années 90 est saisissante : des robots terrestres ont eu, après plusieurs années de recherche, un comportement d’équipe en parfaite autonomie pour jouer un match de football. À l’heure de l’Internet des Objets et des questionnements sur les usages qu’il faut faire des drones, ces capacités soulèvent de nombreuses interrogations.

Raffaello d’Andrea a cofondé la société Kiva Systems qui propose des robots manutentionnaires capables d’accomplir des tâches d’inventaire complexe avec une intelligence distribuée : chaque robot réalise sa tâche, charge et fournit les produits. La société a été acquise par Amazon en 2012, qui a depuis déployé ces robots dans ses entrepôts.

Des robots capables de s’améliorer

Selon Raffaello d’Andrea, ce qui a permis à son entreprise d’avoir ce succès, c’était non seulement d’avoir les bonnes technologies mais surtout une bonne approche avec pour point clé la capacité des robots à apprendre et à s’adapter pour être de meilleurs robots.

Avec ce principe en tête, il est revenu en 2008 à ses premières amours : les machines volantes, qu’il fait jouer entre elles. Le comportement étonnant de ces quadcoptères capables d’échanger entre eux est imputable à un algorithme qui ordonne constamment à ces robots de chercher le meilleur moyen de renvoyer la balle en trois millisecondes. « Des algorithmes permettent de faire faire des choses à des robots que les êtres humains ne peuvent pas faire » explique Raffaello D’Andrea.

Citation de Raffaello d'andrea à l'USI 2015 "Robots learn and adapt to be better robots"

Comme les êtres humains, le robot apprend de ses erreurs

Selon lui, l’avenir du drone réside dans l’adaptation et l’apprentissage : le drone apprend et une fois la connaissance intégrée, nous pouvons la transférer à une vitesse plus rapide… et faire des économies puisqu’un robot moins onéreux peut apprendre à agir comme un robot plus cher.

Le robot recommence jusqu’à réussir la mission qui lui est demandée, comme pourrait le faire un enfant. Voir un robot cubique tomber et se relever jusqu’à pouvoir trouver son équilibre et tenir sur son arête peut avoir quelque chose d’émouvant. « Nous attendons des machines qu’elles soient efficaces dans l’immédiat, mais comment rendre viable un robot qui doit apprendre pendant deux ans ? » appelle à réfléchir l’expert en robotique. Pour lui, la réponse tient dans le partage d’informations : ces drones devraient être capables de transmettre leur apprentissage.

Magie ou technologie ?

Dans ce sens, le projet RoboEarth d’un cloud pour les robots a été initié en 2008 et a soulevé de nombreuses inquiétudes. Terminator revenait comme un leitmotiv aux oreilles de Raffaello D’Andrea, qui ne se laisse pas impressionner. « Les gens ont une vision apocalyptique des robots connectés, mais moi ça ne m’inquiète pas » affirme-t-il.

« Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie », pour citer Arthur C. Clarke. Mais pour que celle-ci ne tourne pas à la magie noire, il faut entrer dans la course : si nous sommes capables de faire un usage positif des drones, ils ne pourront pas être retirés du marché, en revanche s’ils sont utilisés par les mauvaises personnes, ce domaine pourrait mourir, du moins pendant plusieurs années. « Plus vite nous les sortirons et mieux ce sera » presse-t-il.


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