Que va nous apporter la seconde révolution des machines ?
Jusqu’à présent, le fonctionnement de l’économie et de la société reposait sur des intermédiaires tels que les firmes ou les gouvernements, dont la centralisation est source d’inefficacités et d’injustices. Tapscott donne un exemple très concret : « il est aujourd’hui moins cher d’envoyer une enclume en Chine par Fedex, que de transférer de l’argent à l’international ». Bitcoin, tout comme la technologie sous-jacente de la blockchain, constituent à cet égard un média sécurisé dont le fonctionnement distribué et décentralisé garantit la confiance entre les acteurs. À partir de ce moment, toute personne est capable de conduire des transactions sans l’intermédiation d’une banque dont le coût s’élève en milliards de dollars. Les applications sont infinies : à partir du moment où la confiance est garantie, pourquoi ne pas réinventer un nouveau modèle de démocratie ?
Cette révolution de la blockchain promet en outre des changements organisationnels puissants. Plusieurs forces peuvent aujourd’hui être moteurs de ce changement en parallèle de la technologie : le moteur démographique avec l’arrivée de générations 100 % natives ; la révolution économique avec le déclin des firmes traditionnelles dont le rôle de réduction des coûts de transactions n’est plus justifié ; le changement social avec la constitution de communautés autonomes organisées autour d’une cause et dont la campagne d’Obama est le meilleur exemple.
Selon Don Tapscott, de nouvelles organisations peuvent ainsi être imaginées à partir de ces forces motrices : la blockchain pourrait entraîner la fin des entreprises et l’avènement de communautés d’agents autonomes contractant grâce à la création de DAO (organisations autonomes décentralisées) sans gérant ni PDG, où le programme informatique garantit l’établissement de règles de gouvernance collectives, transparentes et sécurisées. Pour faire émerger une DAO, la première chose à faire est de collecter des fonds, ce qui est déjà envisageable à travers une campagne de crowdfunding : depuis quelques semaines, près de 134 millions de dollars ont été levés autour de Slock.it. Le changement de paradigme est alors radical puisqu’« en tant qu’investisseur, on souhaiterait sans doute savoir quels sont les coûts. Mais les coûts sont de zéro ».
A lire : Sécuriser notre futur : le nouveau visage de la cybercriminalité
Pour Dan Tapscott, l’émergence de la blockchain vient bousculer l’équilibre économique actuel dans le digital au point que « les disrupteurs sont en passe de se faire disrupter à leur tour ». Plusieurs business models sont ainsi susceptibles d’émerger :
A lire : Notre interview d'Aaron Dignan - Quel futur pour les entreprises ?
Pour Don Tapscott, le nouveau paradigme de la blockchain, loin d’être utopique, dépend essentiellement de notre capacité à promouvoir son intégrité. Il compare cette intégrité à celle qui existe au sein d’espèces d'oiseaux qui voyagent en bande pour se protéger des prédateurs : « Il y a du leadership mais il n’y a pas de leader. On gagne la confiance de l'autre grâce à un sens prononcé de l'intérêt collectif. ».
A lire : Homo Economicus ou l'addiction de l'Homme à la croissance économique