Brian Muirhead : Les secrets d'une mission pour Mars
« J’ai cette vision de l’avenir où les humains seraient sur Mars. Je rêve de voir une mère qui regarde le ciel avec son enfant, en lui disant que c’est de là qu’elle vient ». Brian Muirhead connait la défaite et l’échec. Membre de l’équipe de Jet Propulsion Laboratory (JPL) en 1978, l’ingénieur a piloté la conception, le développement et le lancement du premier engin à atterrir sur Mars : le Mars Pathfinder. Selon lui, le secret pour prendre des risques sans échouer consiste à être créatif dans ce que l’on fait et, dans la façon dont on le fait.
Objectif Mars : succès et échecs des missions spaciales
Au XIXe siècle, beaucoup avaient déjà spéculé sur la présence d’une civilisation martienne. Lors du premier survol de Mars en 1964, la technologie de l’époque montrait une surface sèche, lisse, sans aucun signe de vie. En 1976, la mission de visite la plus sophistiquée et coûteuse fût montée. Là encore, au vu des résultats, la vie paraissait impossible sur la surface de la planète rouge. Soudainement, un désintérêt généralisé gagna les scientifiques.
Deux décennies plus tard, l’intérêt pour Mars remontait de nouveau et différentes missions furent lancées (Cassini, Galileo…). Mais, l’effondrement de l’URSS diminua considérablement le financement de ces projets. La Nasa décida alors de lancer des missions avec un budget plus restreint mais avec une approche plus efficace. Résultat : le 4 juillet 1997 le Mars Pathfinder atterrissait sur la planète rouge tout en respectant le budget et le temps alloués.
À ce moment-là, l’intérêt médiatique augmenta encore. La Nasa promet de publier sur le web les données et les résultats obtenus lors de ces missions. Mais en 1999 le Mars Climate Orbiter subit un échec lors de sa mise en orbite. Après une telle déconvenue, les scientifiques furent réticents à prendre des risques. Curiosity, un robot biochimiste mobile capable de prendre des échantillons sur la surface de planète, fût créé. À l’époque, il y avait dix atterrissages réussis sur Mars contre vingt échecs. Aujourd’hui, nous en sommes à vingt et un succès pour vingt échecs.
Les "7 minutes de la terreur"
Le processus d’atterrissage sur la planète rouge est complexe. Et il ne peut se tester que sur celle-ci. Même avec des technologies très précises… Pour résumer : il s’agit d’un déploiement de 7 minutes durant lesquelles il faut trouver le moyen de faire atterrir un engin de 8 kilos lancé à 3500 km/h. Un ordinateur interne doit opérer seul une entrée quasi parallèle à l’atmosphère martienne qui n’est pas aussi dense que celle de la Terre et ne peut ralentir une entrée verticale. Ensuite, le vaisseau se sert d’un parachute (le plus grand et résistant du monde) pour freiner la descente. L’atterrissage (entre l’atmosphère et le sol) est le moment le plus critique. La capsule doit alors se détacher du vaisseau pour ensuite voler horizontalement, et laisser pendre par des fils l’explorateur jusqu’au fond d’un cratère...
Les ingrédients de la réussite
Selon Brian Muirhead, tous ces résultats sont possibles grâce à une équipe « fortement engagée à la mission et confiante dans sa réussite ». Il est aussi important de construire une équipe très diverse afin de faire affluer la créativité. L’intelligence émotionnelle, la volonté et la détermination sont également importants ainsi qu’une communication claire et effective. En ce qui concerne le leadership, faire confiance à son équipe est essentiel_._ « Comme on dit souvent, il faut de la colle et de l’huile pour fluidifier les relations entre les chefs d’unité et les membres de l’équipe avec lesquels on travaille », précise Brian Muirhead.
En d’autres termes, une technologie de pointe et une bonne organisation sont des facteurs-clés pour accomplir les missions. La méthodologie ? Tester, tester et encore tester. Jusqu’à la réussite. Effectivement, les tests et les échecs passés peuvent s’avérer positifs lors d’une mission.
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Sommes-nous seuls dans cet univers ?
Tout le travail effectué au cours de ces missions tente de répondre à cette question. Jusqu’à présent, la JPL a découvert qu’il existe des roches sédentaires sur la surface martienne ; ce qui peut se traduire par la présence d’eau sur Mars. Curiosity a montré aux scientifiques qu’il est possible de creuser la surface pour obtenir des échantillons utiles à l’analyse de sa composition chimique. Quant au futur, l’équipe de Brian Muirhead cherche à découvrir si la vie existait auparavant sur la planète.
Si la science-fiction montre une perspective très réelle d’une possible vie humaine sur Mars, la vérité c’est que cela est encore loin de se produire. Dans une perspective plus réaliste, pour atteindre cet objectif, nous devrions déjà établir une équipe de personnes sur la Lune - de façon permanente - pour ensuite organiser des sorties direction Mars, et en revenant sur la Lune à chaque fois.
Brian Muirhead pilote la mission Asteroid Redirect Robotic dont l’objectif est de mettre en orbite un petit astéroïde de 7 mètres de diamètre et 500 tonnes autour de la Lune. Pour ensuite permettre son étude par l'équipage de missions habitées.
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