From Maker Movement to Industrial Revolution - la conférence de Chris Anderson
"You just download files and press button to create, it's like science fiction!"
Chris Anderson - CEO de 3D Robotics, ex-rédacteur en chef de Wired - @chr1sa
Les technologies sont la matrice des différents modèles industriels. Lors de la première révolution industrielle, les muscles ont été substitués au pouvoir de la machine, et lors de la seconde, c’est la puissance du cerveau qui a été remplacée par les machines.
Quand l’industrie arrive chez vous
La démocratisation de l'ordinateur personnel et de son imprimante a amorcé une nouvelle révolution : des outils puissants ont été mis entre les mains de personnes lambdas, directement chez elles. « Quand on appuie sur un bouton d’imprimante aujourd’hui, on ne se rend pas compte que cela remplace un acte qui, auparavant, était industriel » souligne Chris Anderson. Si l’ordinateur de bureau a démocratisé la création, le web a démocratisé la distribution.
La déferlante de « makers » s’explique par un tournant en 2007, quand le hardware a suscité un regain d’intérêt : c’était le début de l’imprimante 3D et des projets en open source, des capteurs comme ceux de la commande de la Wii, mais aussi de l’essor d’une communauté de makers soudée autour d’événements comme le “Maker Faire” organisé par Make Magazine. Enfin, l’arrivée de l’iPhone, cet ordinateur de poche doté d’un GPS, d’un appareil photo et de capteurs a bouleversé l’industrie. « The idea of putting powerful tools in the hand of people was liberating » s'enthousiasme Chris Anderson.
Pour les smartphones, la technologie a été accélérée et ses composants ont boosté l’industrie. C'est d'ailleurs ce qui, selon Chris Anderson, a permis l'avènement des drones, « spin-off de la technologie des smartphones : les futurs drones ne sont pas des avions sans pilote mais des smartphones avec des ailes ». C’est aussi depuis notre smartphone que l’on peut désigner un objet et le faire produire dans une usine en Chine en envoyant un paiement par Paypal, puis retrouver deux semaines plus tard cette création sur le pas de sa porte.
De la manufacture au bouton du navigateur
«Nous sommes passés des manufactures à un bouton de navigateur, c’est libérateur et puissant, cela signifie qu’on peut commencer à produire sans posséder sa propre usine » se réjouit l’ancien rédacteur en chef de Wired, qui a quitté son poste pour s’investir dans sa société de drone. Une société qu'il a montée totalement par hasard, en jouant au kit Mindstorm de Lego avec ses enfants et en faisant monter d’un cran leur construction en recherchant sur Google les termes « flying robots ». Ce projet ludique a mené plus tard à la production de kits Blimpduino, fabriqués dans son salon par ses enfants pour la première série, puis dans un garage, par un adolescent à qui il s’associe et qui fait grandir rapidement le projet. Aujourd’hui, 3D Robotics est le plus grand fabricant de drones aux États-Unis, devant l’industrie de l’aérospatial.
« L’accès a supplanté la propriété, c’est le nouveau pouvoir et il est aussi radical politiquement que le modèle marxiste : c’est ce qu’on appelle le mouvement Maker ». Les gens qui sont sur le web sont aussi dans le monde physique, lequel est plus prégnant, et ils peuvent manufacturer des objets en passant d’un monde à l’autre, sans connaissance ni beaucoup d’argent. Les blogs, les réseaux sociaux ont prouvé que tout le monde avait quelque chose à dire, avec ce mouvement, le monde physique ne se demande plus « pouvons-nous faire les choses » mais « qu’allons-nous faire » ? « Le web a besoin du monde réel » rappelle Chris Anderson.
Un jeu d’enfant
La barrière de la complexité s’effondre quand d’anciens outils industriels ressemblent de plus en plus à des smartphones et au web. Une nouvelle vague d’imprimantes 3D contribue à faire tomber cette barrière. Faciles à utiliser, elles offrent des possibilités de matériaux différents : du bois, de l’acier, même des cellules humaines et des circuits électroniques. Il suffit de télécharger un fichier et de l’imprimer, cela devient un jeu d’enfant.
« La beauté de l’impression 3D, c’est qu’on n’est pas stoppé par sa complexité » affirme Chris Anderson. Les drones qu’il fabrique fonctionnent sur le principe _«_Push a button and magic happens » : là est le secret des grandes compagnies.
La haute innovation pour tous
Comme avec le PC, l’innovation s’adresse aux usagers « du bas », qui pour produire font des allers-retours entre production maison et commandes dans des usines de production de masse (principalement en Chine). Ce mode de production interroge sur le monde que l’on crée. Celui que proposent les makers ne manque pas de contradictions, mais bénéficie des avantages d’une innovation ouverte, de la R&D gratuite et rapide à l’économie imbattable et de l’exemption de barrières régulières. Le business model est naturel et les clients assurent le soutien technique du produit et la technologie démocratisée implique des prix peu élevés, un volume de production élevée et donc de la haute innovation.
Quand les technologies sont bon marché et simples, le collectif se crée naturellement : « Les gens travaillent gratuitement parce qu’ils le veulent, on peut leur donner le software et leur faire payer le hardware, ils donnent du feedback, c’est un cercle vertueux » analyse Chris Anderson.
La moitié de ses employés ont commencé dans l’entreprise comme volontaires dans la communauté puis ont monté les échelons sans qu’on s’intéresse à leurs diplômes ou à leur expérience passée. Cette architecture participative n’est qu’une des illustrations de cet « acte technologique qui devient un acte social », conclut Chris Anderson.