Découvrez toute la programmation d'USI 2024
La line-up de l’édition 2024 d’USI a été entièrement dévoilé. Découvrez les speakers invités et les différentes thématiques abordées pour répondre à la question qu’USI se pose cette année : la technologie dans l’exercice de la souveraineté. Naviguez dès maintenant dans la programmation, en attendant le 24 juin !
La souveraineté en entreprise : décrypter les enjeux pour mieux décider
Management et IA
Cécile Dejoux - Professeure (Cnam, ESCP) et Dir. de l'Observatoire des transformations managériales et RH
L’intelligence artificielle affecte de nombreux secteurs : la santé, les départements bancaire et financier, le transport, le commerce, l’industrie, le droit, l’éducation… Elle irrigue aussi bien les sphères personnelles que professionnelles. L'IA peut aider à s'adapter à un contexte qui change très vite. Pour être plus efficace, le bon manager et le bon leader sont ceux qui savent se remettre en question très vite.
Savoir manager sans IA est indispensable mais c'est également important pour le manager de se former aux opportunités et aux risques de l’IA générative et devenir "IA compatible" ! A l'inverse, manager avec de l'IA générative peut devenir une source de productivité et de créativité pour le manager mais il doit avant connaître les pièges et les opportunités. Pour autant, la question se pose : l'IA lance-t-elle de nouveaux défis aux managers ?
Cybersécurité
Meriem Berkane - CTO d'OCTO Technology
Entre les premiers messages codés dont les premières traces remontent 1600 ans av. J.-C. et le chiffrement homomorphe ou post-quantique de nos jours, il va de soi que les questions de communication, de renseignement et de diplomatie ne s'exercent plus du tout de la même manière ! Les techniques de chiffrement sont toujours à même de faire ou de défaire des souverainetés : on se souvient que le déchiffrement par Alan Turing de la machine de chiffrement Nazi Enigma a constitué un tournant de la deuxième guerre mondiale.
Faut-il également rappeler que les technologies du bitcoin et des blockchains reposent sur du chiffrement et qu'elles prétendent apporter des solutions pour se passer de la souveraineté des États et de leurs institutions telles que les banques centrales ? Le chiffrage homomorphe consiste à rendre non seulement les données stockées et leur transfert opaque, mais aussi les données traitées en mémoire.
Du coup, pour les entreprises qui utilisent des fournisseurs de Cloud étrangers, que se passerait-il si le chiffrage homomorphe était généralisé ? Est -ce que cela ne ferait pas sauter un verrou législatif et stratégique ? Est-ce qu’avoir des fournisseurs de solutions Cloud Nationaux et Européens sera toujours aussi critique demain ?
La souveraineté dans le libre ?
Jean-Baptiste Kempf - Président de VideoLAN
Le monde de l’open source et du logiciel libre a inventé tant de choses dans nos manières de concevoir et de réaliser des produits numériques et elle nous a apporté nombre d’outils, de systèmes, et de frameworks qui sont au cœur du réacteur du numérique. À bien des égards, ce monde porte en lui une philosophie qui prône la souveraineté et l’autonomie : ne pas être enfermé dans des solutions propriétaires, permettre l’appropriation et l’accès au code source pour mieux maîtriser son travail, favoriser la connaissance et l’émancipation, faire collaborer des professionnels mais aussi des amateurs passionnés de tous horizons, etc.
Ce chemin vers l’ouvert et l’ouverture n’est pas un long fleuve tranquille. Il est en friction permanence avec les logiques d’appropriation et de forclusion. C’est une chance que de pouvoir bénéficier du témoignage et du regard critique de Jean-Baptiste Kempf pour nous donner les clés de cette bataille pour la souveraineté. Il y a des choses que l’on sait ou qu’on imagine… mais il y a aussi des pratiques invisibles qui pourront vous surprendre et vous étonner !
Économie et souveraineté
Sarah Guillou - Economiste, directrice du département de recherche Innovation et Concurrence à Sciencespo-OFCE
Trouvant son origine dans l’intensification de l’interdépendance productive entre les nations ainsi que dans l’accroissement du pouvoir économique des firmes multinationales, la souveraineté économique est devenue une préoccupation majeure des gouvernements et des citoyens. Si cette préoccupation est depuis toujours au cœur du positionnement politique vis-à-vis de la mondialisation, elle est désormais un élément central dans le choix des politiques industrielles et de concurrence, clés de voûte de la santé économique des États.
Pourtant, la souveraineté économique est un objectif aussi facile à défendre qu’il est difficile à définir. Cette difficulté vient de la complexité du réseau d’interdépendances entre les économies et les entreprises autant que de l’ambivalence des politiques et des acteurs qui sont censés l’atteindre. Faisant appel à l’histoire et aux théories économiques, à l’actualité ainsi qu’à l’analyse de toutes les facettes qui constituent l’économie des États, Sarah Guillou éclaire et explicite cette complexité et cette ambivalence afin de rendre au concept de souveraineté économique une dimension qui dépasse les seuls patriotisme économique et slogans politiques.
Comprendre les interconnexions au sein de son écosystème
Sociologie de la Silicon Valley
Olivier Alexandre - Sociologue
Pas de “tech” sans écosystème. Celui qui prédomine aujourd’hui et depuis maintenant une cinquantaine d’années, c’est celui de la Silicon Valley, cœur battant des nouvelles technologies. C’est depuis cette région que s’orchestre ce que certains nomment “les colonies numériques” que sont en train de devenir les autres territoires et nations.
Mais que savons nous de la Silicon Valley ? Olivier Alexandre à mené son enquête sociologique de terrain sur place et nous livre une importante clé de lecture de la culture et des idéologies qui tissent la réalité de ce territoire qui refait littéralement le monde et redessine les formes de souveraineté.
Gouvernementalité algorithmique
Antoinette Rouvroy - Chercheuse, professeure et docteure en sciences juridiques
Alors que certains craignent de freiner l’innovation avec une réglementation, Antoinette Rouvroy constate que l’on tolère le déploiement d’intelligences artificielles génératives qui sont “des produits éventuellement dangereux, dont on n’a pas encore fait le tour de tous les dangers, l’inventaire est en cours. Et cela sans aucune réglementation, sans que ces produits ne passent aucun test d’innocuité, de robustesse, etc.” Aucune autre industrie n’a jamais bénéficié d’un tel passe-droit.
Ainsi, après avoir passé des années à défendre des approches “éthiques” pour différer des réglementations contraignantes, et ce dans l’intérêt de leurs affaires, voici que les mêmes acteurs industriels de l’IA se trouvent maintenant à vouloir éteindre le feu qu’ils ont allumé en appelant les régulateurs à l’aide et en publiant une lettre pour un “moratoire” dont Elon Musk s’était fait le relai. Antoinette Rouvroy suggère que c’est du côté d’une constitution de l’IA qu’il faut investiguer plutôt que d’une “démarche éthique”. Son propos sera également l’opportunité de faire le faire l’état des lieux sur l'initiative européenne “IA Act”.
Extraterritorialité du droit
Frédéric Pierucci - Gérant d'Ikarian et Président de Storabelle
À travers cette expérience hors du commun, c’est l’extraterritorialité du droit américain qui apparaît au premier plan des enjeux liés à la souveraineté.
Souveraineté spatiale
Murielle Lafaye - Sous-directrice de l’Observatoire du spatial – Deputy director Space Observatory
Le Président Emmanuel Macron, dans son discours de Toulouse de 2022 sur la stratégie spatiale européenne disait la chose suivante : “ L’espace est la souveraineté des souverainetés. Sans maîtrise de l'espace, pas de souveraineté technologique. Sans maîtrise de l'espace, pas de souveraineté industrielle et économique. Sans maîtrise de l'espace, pas de maîtrise scientifique des grands enjeux environnementaux et climatiques. Sans maîtrise de l'espace, pas de souveraineté stratégique et militaire."
Pour déplier tous ces enjeux et comprendre l’actualité de ce qui se joue au dessus nos tête, Murielle Lafaye nous présentera les acteurs et les écosystèmes de l’économie spatiale dont on sait que les dirigeants des géants du web s’y investissent de manière significative à l’image d’un Jeff Bezos ou d’un Elon Musk.
Câbles sous-marins
Camille Morel - Chercheuse associée à l'Institut d'études de stratégie et de défense (IESD)
Aujourd’hui, plus de 98 % des flux d’informations mondiaux passent par la mer. Répartis sur l’ensemble du globe de manière hétérogène, 450 câbles sous-marins de fibres optiques, permettant le transport de données à la vitesse de la lumière, forment une immense toile. Outils au service du développement économique et social, infrastructure essentielle au quotidien, instruments aux mains des États, ces câbles sont pourtant largement méconnus.
À l’heure d’une augmentation exponentielle de notre consommation de données, Camille Morel nous éclairera sur les grands enjeux soulevés par cette infrastructure : fonctionnement et marché de la technologie, rôle politique joué par ces lignes de communications, encadrement juridique international, défi environnemental. Un tour d’horizon complet sur le sujet.
Prendre de la hauteur et l’inspiration pour interroger notre souveraineté
Science-fiction et souveraineté
Roland Lehoucq - Astrophysicien au CEA, enseignant et auteur
La sortie la deuxième partie du film DUNE de Denis Villeneuve donnera l’occasion à Roland Lehoucq de porter notre thématique de la souveraineté dans le champ des œuvres de science-fiction. Relire et revoir cette oeuvre classique en portant notre attention sur la manière dont la technologie fait et défait les souverainetés nous fera poser quelques questions très concrètes.
Le distille, cette tenue du peuple Fremens pour être autonome dans le désert, est-il réaliste ? Les techniques de manipulation de la voix et du son sont-elles crédibles ? Pourquoi, dans l’univers de DUNE, le recours à des intelligences artificielles a-t-il été banni ? Et, au delà de DUNE, que nous apprend la science fiction sur la technologie dans l’exercice de la souveraineté ?
Récits et fiction de la souveraineté
Ugo Bellagamba - Maître de conférence en histoire du droit et auteur de science-fiction
Photo : ©Laurence Honnorat Innovaxiom
Le Jurisconsulte du XVI° siècle Jean Bodin, que l’on présente habituellement comme étant le précurseur de la pensée en matière de souveraineté, s’est attaché à la définir comme étant « la puissance absolue et perpétuelle d'une République ». Une définition qui souffre de nombreuses difficultés : quid des royautés qui ne sont pas des Républiques ? Et comment croire que la souveraineté soit réellement sans limites ? Cela montre surtout qu__’il y a toujours une part de fiction et de récit associée aux discours sur la souveraineté__ : bref, on se la raconte un peu !
Dès qu’elle s’exprime, la souveraineté se met en scène au travers d’histoires et de récits. Être souverain c’est bien, mais mettre en scène le récit de sa souveraineté c’est encore mieux. Ugo Bellagamba nous aidera à y voir plus clair dans les enjeux fictionnels autour de la souveraineté, notamment en convoquant les récits utopiques et dystopiques qui contribuent à façonner notre imaginaire.
Autonomie et bricolage
Fanny Lederlin - Docteure en philosophie politique, essayiste
L’aliénation, c’est la dépossession d’un individu et la perte de sa maîtrise. L’innovation technologique joue cette fonction aliénante en nous mettant régulièrement au défi de ne pas être dépassé. Selon Fanny Lederlin, il y a une souveraineté et une hégémonie de la “pensée de l’ingénieur” (calculante, instrumentaliste, programmatique et planificatrice). Aussi propose-t-elle de réinvestir et de revaloriser les pratiques de bricolage.
Le bricolage est peut-être notre bouée de secours pour maintenir un rapport non-aliénant au monde. C’est un mode de pensée et d’action alternatif, induit par la curiosité, et une attention particulière aux choses. Un éloge du bricolage est une vraie proposition contre l’aliénation, et donc en faveur d’une articulation vertueuse entre autonomie et hétéronomie.
Souveraineté alimentaire
Thierry Marx - Chef cuisinier engagé et innovant
Si chaque nouvelle évolution technologique repose la question de la souveraineté, elle s'accompagne aussi d'une perte des savoirs et savoir-faire au sein de sa population utilisatrice : à trop nous appuyer sur nos outils techniques et technologiques, nous en oublions comment fonctionner sans eux. Le secteur agricole illustre particulièrement ce phénomène, avec des conséquences directes sur les consommateurs. L'industrialisation a permis de répondre à grande échelle aux besoins de la population, mais sans produits chimiques et machines, serions-nous encore capables de subvenir à nos besoins ? Cette question ouvre la voie à des ramifications complexes et à des externalités négatives souvent invisibles. Par exemple : les fruits et légumes que nous achetons aujourd'hui contiennent nettement moins de nutriments qu'il y a 70 ans…
Les entreprises font face quotidiennement à ces questions cruciales. La souveraineté se joue dans un équilibre fragile entre la nécessité de la technicisation pour augmenter la production et la perte progressive de compétences dans nos métiers. Face à un choc massif nous privant de l’accès à nos outils, techniques et technologiques, serions-nous encore en capacité de continuer de maintenir notre activité, en toute autonomie ?
Cette question s'étend également au rôle des restaurateurs, acteurs clés entre producteurs et consommateurs. Thierry Marx, chef étoilé et figure de proue de la cuisine moléculaire, explore le rôle de la technologie dans son domaine. Militant pour une économie axée sur la qualité, il s'oppose à l'ubérisation de vastes pans de nos sociétés, soulignant l'importance de la souveraineté dans nos assiettes à travers une alimentation de qualité.
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