François Hisquin, fondateur de la conférence) d’y présenter mon Homo Informaticus pour la première fois. C’est un plaisir et une motivation particulière de pouvoir faire l’avant-première de mes travaux à l’USI. Et la conférence est parfaitement organisée.
J’ai une double formation : polytechnique et la philosophie. Mais j’ai fait polytechnique sans la moindre notion de philosophie, ni donc de logique qui, pour des raisons historiques, est rattachée à la philosophie (c’est Aristote qui l’a inventée). J’ai donc eu un véritable choc en découvrant le monde de la logique, à 44 ans ! Un univers équivalent aux mathématiques, dont j’ignorais pratiquement l’existence et l’importance. L’idée de cette conférence m’est apparue parce que j’ai un pied dans la philo et un autre dans les mathématiques. L’Informaticus d’aujourd’hui n’est pas le descendant des Mathematicus, mais de la combinaison des maths et de la logique.
Dans ma conférence, il y aura énormément d’anecdotes qui montrent qu’il y a une continuité depuis les égyptiens jusqu’à aujourd’hui... et que cette histoire incroyable, c’est notre histoire. Celle du public qui est dans la salle ! Je suis heureux que mon associé Martin Saive de CartoonBase se soit embarqué avec moi dans cette aventure en la dessinant. Je fonctionne bien avec lui. Il ne connaît pas trop l’informatique et la philosophie, mais la manière dont il réagit en tant qu’artiste m’inspire toujours énormément. Et mon autre associé Thomas Doutrepont m'a aidé à écrire le texte.
Nous avons investi de manière complètement folle dans le projet ! Mais j'espère que ça va faire un malheur…
Il y a dix-sept personnages en tout, et j’ai mis beaucoup de temps à les choisir. J’ai forcément dû en éliminer… Mais ils suffisent à exprimer mon propos car ils sont bien répartis entre la philosophie, l’informatique, la logique et les mathématiques.
Mais il faut surtout montrer que les catégories, c’est fini ! Qu’aujourd’hui un mathématicien doit être philosophe, et qu’une nouvelle espèce d’individu émerge, l’Homo Informaticus, qui combine tout. Et qui doit être un humaniste.
Le message derrière tout ça, c’est que l’Homo Informaticus ne sera jamais une machine. Il y aura toujours le côté humain.
Mon message est toujours terriblement humaniste (et mes deux précédentes conférences l’étaient déjà). C’est toujours montrer que la machine n’est jamais qu’un résultat de l’être humain et pas l’inverse.
Globalement, je trouve qu’on ne réfléchit pas assez ! Si on pouvait d’abord avoir un peu de distance, ce serait déjà une première étape.
Dans tout ce que je lis ou que je vois, il n’y a pas assez d’esprit critique. Mon premier constat est donc au-delà d’un individu : il n’y a pas assez de philosophes du numérique.
Qui, ensuite, nous devrions reprendre ? (Pause) Un petit peu de tout le monde ! C’est assez difficile d’isoler une personne en particulier. Les dix-sept figures que j'ai choisies dans ma frise valent le coup pour des raisons différentes.
S’il valait en choisir un, je prendrais Leibniz… Mais vous me faites mal là !
Leibniz, parce que c’est un optimiste, et je crois qu’on en a besoin. Deuxièmement, parce que son rêve de fusionner la logique et les maths est une ambition fabuleuse. Quand il se disputait avec quelqu’un, Leibniz disait : “Calculons !”, pour transformer la dispute en équation !
Troisièmement, pour son côté transdiciplinaire : écrivain, physicien, ambassadeur, philosophe... Il a même construit une machine à calculer !
Allez, je garde Leibniz ! Il faut un moteur d’optimisme et d’humanisme pour faire avancer les choses. Il faut savoir être transdisciplinaire, ambitieux, créatif, en contact avec la réalité...
Aujourd’hui. Sans hésiter une seconde. Ou demain ! Autant j’adore l’histoire, mais je suis résolument un homme d’aujourd’hui, un homme d’entreprise. Je voudrais que les entreprises, et la technologie aussi d’ailleurs, contribuent à créer un monde meilleur.
J’ai eu beaucoup de chance : je suis un baby-boomer, je n’ai jamais connu la guerre – ce qui n’est jamais arrivé en Belgique ou en France en 3000 ans. Je suis une caricature de soixante huitard ! Et je n’ai pas envie de changer.
Tous les jours je me lève en me disant que j’ai de la chance de vivre aujourd’hui. Qu’est-ce qui va se passer, qu’est-ce que je peux faire, inventer, raconter ?
J’enseigne de plus en plus, et je vois bien que je suis dans l’Aujourd’hui. Dans l’Aujourd’hui, pour ceux qui vont faire Demain.
J’ai eu l’occasion de rencontrer Chris Anderson, à l’été 2008, qui venait de publier un numéro de Wired intitulé “The End of Science”. Pouvoir ne pas être d'accord avec lui, c’était unique !
Et je pense que rencontrer Yuval Harari cette année sera également un grand souvenir. J’avais dit à François après avoir lu le Sapiens D’Harari, que mon Homo Informaticus était un peu l’équivalent, en remontant moins loin... Mais il y a cette idée là : prendre de la distance, faire des liens inattendus, et montrer que notre histoire est incroyable.
Le philosophe Michel Serres peut-être… Comme Leibniz, dont il est d’ailleurs fan, il est transdiciplinaire, optimiste et a une forme de créativité permanente.
Je suis assez fasciné par Jimmy Wales, qui a co-créé Wikipedia. Une invention incroyable, un objet fascinant pour un philosophe !
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