Passion + Purpose = Innovation ou l'idée géniale d'Adobe pour permettre à tous d'innover, par Mark Randall
Synthèse de la conférence de Mark Randall, VP de la créativité pour Adobe, "Passion + Purpose = Innovation", à l'USI 2015. Comment non seulement réussir à faire émerger des innovations inattendues, à moindre coût mais aussi satisfaire ses employés.
Pour apporter du changement dans un système interne, il faut trouver de nouvelles façons d’innover. Adobe a su faire face au défi de changer la donne avec un nouveau business model proposé par la Kickbox.
Adobe pour qui jusqu’alors l’innovation passait par des laboratoires de recherche et des collaborations avec des universités de façon descendante avait besoin de frapper un grand coup pour mettre en place une innovation ascendante. Avec une approche peu conventionnelle de l’innovation, sa boîte rouge proposée à ses employés, la Kickbox, a franchi les frontières d’Adobe. Pour répondre à une demande extérieure, elle a même été mise à disposition en open source (sur kickbox.adobe.com).
Une boîte à idée pour innover
L’objectif d’Adobe ? Diminuer le taux d’échec de l’innovation avec jusqu’à 500’000 dollars dépensés alors pour tester des projets avec des clients. Cette méthode permet un vrai retour d’expérience, sans justification à fournir ni avant ni après.
N’importe quel employé peut demander une Kickbox, qu’il soit des ressources humaines ou de la maintenance. Adobe propose une formation de deux jours pour maîtriser son fonctionnement mais ne l’a pas imposé. Les idées n’ont pas été choisies et toutes ont été financées, sans que personne ne juge le processus. « On pourrait avoir tort et dire que c’est une idée stupide alors que ce pourrait être une bonne idée » explique Mark Randall.
Le coût est limité par une carte de crédit prépayée de 1'000 dollars disponible dans cette boîte. Ce dernière inclue aussi les indispensables barres chocolatées et cartes de café prépayées pour stimuler la créativité.
« Si on n’innove pas, on meurt » avait expliqué Mark Randall au département comptabilité qui s’inquiétait de ces dépenses.
La kickbox propose aux employés d'Adobe un process de création en cinq niveaux qui s'inspire du design thinking :
- l’inspiration, à savoir la motivation, l’harmonisation entre la passion des employés et les besoins des clients ;
- l’idéation, la conceptualisation ;
- l’amélioration, notamment par des itérations successives du produit jusqu’à parvenir à une version qui satisfasse le client ;
- l’exploration, en parlant directement au client ;
- l’infiltration.
Donner une chance à toutes les idées
Mark Randall implore « d’arrêter de jouer HIPPO » (highest paid person’s opinion : l’opinion de la personne la mieux payée). En effet, la personne la plus haut placée n’a pas toujours raison, et il est plus difficile de faire mentir des données ou l’avis des clients.
L’un des projets né dans une Kickbox en Europe proposait aux personnes qui ne savaient pas utiliser Photoshop d’uploader leurs photos pour que des retouches soient faites. Le projet se contente alors d’un modèle (template) et de Google Adwords pour générer du trafic. L’équipe a constaté avec 4 000 visiteurs uniques que les personnes téléchargent leurs photos dès le premier jour et décident de modifier manuellement celles de leurs premiers visiteurs. Les données collectées ont été présentées au management, menant à une seconde question : les gens sont-ils prêts à payer pour ce service ? Des utilisateurs seraient-ils partants pour proposer leurs services de retouche photo contre une rémunération ?
« Toutes les idées ont l’air d’être de mauvaises idées au départ » prévient Mark Randall, qui encourage les entreprises à laisser les idées au moins sortir de la boîte avant de les juger : la boîte rouge mène à une boîte bleue, conçue pour réaliser le projet. Le succès de l’expérience tient au fait que les employés voient que leur société a confiance en eux : c’est un message puissant qui montre que l’entreprise s’appuie sur eux.