USI 2023 au Musée du Quai Branly : un lieu hautement symbolique

Pourquoi se retrouver au Quai Branly ? Parce que ce lieu est par essence lié à la thématique que nous aborderons cette année lors de la conférence USI : l’entreprise à l’épreuve des limites du monde !

© musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Vincent Mercier

La forme : reconnecter les espaces de la ville et du vivant

Cette édition se positionne comme une coproduction de savoirs afin de connaître, d’explorer les leviers pour renouer avec le vivant. Mais aussi pour s’inscrire dans les milieux naturels dans une volonté d’intrication s’alignant ainsi avec celle de Jean Nouvel lors de la construction du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac. 

Au-delà même de la mise en valeur des arts primitifs/premiers, ce musée est un lieu pensé comme un espace ouvert, aux frontières floues : il n’est d’ailleurs pas impossible de s’y aventurer par mégarde – même si aujourd’hui, les portiques de sécurité rendent la confusion un peu plus difficile. C’est une architecture en intrication avec le vivant (on y trouve d’ailleurs l’un des premiers murs végétalisés de Paris), qui symbolise une volonté de construction des espaces urbains et des vies humaines en intrication avec la Nature.

Avec les limites que nous connaissons maintenant, la question de notre lien à la nature devient de plus en plus centrale. Aujourd’hui, l’entreprise s’inscrit dans la logique capitaliste de notre civilisation actuelle, très lointaine du point de vue du vivant, de la nature.  Très éloignée, aussi, du rapport au vivant immédiat des peuples premiers et non sur-déterminés par le caractère industriel.

À l’échelle de l’Homme mais plus spécifiquement à l’échelle méso de l’entreprise, aujourd’hui mais depuis la révolution industrielle, on ne s’identifie plus aux cycles du vivant. Au contraire, nous nous posons plutôt en opposition au vivant. La preuve : nous refusons d’en suivre les règles, même les plus élémentaires. La logique qui a pris le dessus est celle de la hiérarchie, de la prédation, de la consommation du vivant.

Le fond : dépasser l’opposition obsolète entre nature et culture

La perspective ethnologique nous décentre et c’est en cela qu’elle nous permet de porter un regard autre sur nos impensés… Et notamment de reconsidérer notre rapport à la nature, en référence à Par delà nature et culture de l’anthropologue Philippe Descola. Celui-ci montre que cette distinction, issue de la culture occidentale, est loin d’être universelle. Elle n’est pas pertinente pour l’ethnologue, qui constate d’autres critères culturels pour inscrire l’homme dans son milieu : intériorité et physicalité. Descola était d’ailleurs le commissaire d’une exposition passionnante sur le sujet, intitulée La Fabrique des images (2010-2011), organisée… au Quai Branly.

Philippe Descola nous rappelle qu’en termes d’ethnologie, les peuples dits “primitifs” ont mis au cœur de leurs civilisations l’importance des logiques relationnelles entre les êtres et les choses. Il en propose même une classification : prédation, échange, don, transmission, conservation et production. Nos modèles d’affaires pourraient-ils être ventilés selon ces axes ? Si les entreprises s’inscrivent majoritairement, depuis plusieurs décennies, dans une logique d’exploitation vis-à-vis de la nature, il faut aujourd’hui se poser la question de s’inspirer de celle-ci pour davantage de résilience


Il s’agit donc, pour les business model, de s’inscrire dans une logique d’écosystème, circulaire et naturelle plutôt que hiérarchique et industrielle, comme le suggère l’ingénieure agronome Isabelle Delannoy dans Une économie symbiotique. Le film Avatar de James Cameron, et dont le second opus tant attendu vient de sortir en salle, réintroduit les questions ethnologiques et culturelles, sans leur donner un rôle désuet ou primitif, mais plutôt un “rôle modèle”. Pourquoi ne pas s’en inspirer pour prendre de la hauteur ?

Save the Date USI : 26 juin 2023

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